Que dire devant un tel film ? Immense chef d'oeuvre du cinéma américain, adaptée du roman de Mario Puzo, l'enfant du Nouvel Hollywood. Le Parrain pour moi, c'est plus qu'un film, Mais une leçon de vie. Le film qui m'a suivi toute mon enfance jusqu'à aujourd'hui. Coppola nous offre ici une vision quasi réaliste et documentariste de la mafia à ce jour encore inégalé, tout en abordant des thèmes qui lui sont chers, Les valeurs italiennes, ses origines traditionnelles et familiales. Tout d'abord sa mise en scène, Parlons-en ! Dès les premières secondes, La mélodie mythique de Nino Rota me donne toujours autant de frissons, Coppola insiste auprès de la Paramount en commençant le montage sur un long plan-séquence, sous une lumière obscure, où l'on découvre Marlon Brando de dos avant que la caméra n'arrive sur son visage accompagné d’un chat, symbole d’une délicatesse perdue face au désarroi d'un père cherchant à tout prix a venger sa fille en demandant que Justice soit faite auprès de Vito Corleone. Cette loyauté, Ce sens du respect, c'est toute la dimension que nous apportera Coppola tout au long du film. Ensuite, les décors, typiquement ancrée dans les années 40, L'ambiance sombre, d'après guerre, Des dialogues toujours aussi intenses à voir et à revoir. Un bonheur absolu pendant presque 3h, il n'y a guère de "bons" truands, la majorité représente des criminels et/ou des corrompus ou pourris jusqu'à la moelle comme Sollozzo dit "Le Turc" le réalisateur arrive à nous attacher aux protagonistes, à les rendre sympathiques. Les liens familiaux et amicaux qui construisent une véritable famille où chacun peut faire confiance à ses amis, ses proches. Il montre la fidélité et la loyauté que peuvent avoir les mafieux entre eux, mais aussi la dangerosité à s'intégrer dans la pègre ou la trahison est de mise notamment par le beau frère Carlo qui provoqua la mort terrible de Santino. Si je dois parler du casting cela me prendrais des heures... Bien évidemment étant un grand fan de Al Pacino, son rôle est marquant. Jeune et dynamique, Ancien héros de la Guerre, effectuant son service militaire et de retour parmi les siens, partageant la vedette avec son ex copine dans la vraie vie Diane Keaton (Kay Adams) sont tout deux brillants. James Caan en homme de la famille et grand frère tonitruant est pour moi débordant de charisme. Robert Duvall (Tom Hagen) en avocat et "Consigliere" de la famille est plus qu'utile pour protéger les intérêts de la famille Corleone. On a tous en tête sa réplique culte face au producteur "Monsieur Corleone est un homme qui tient à apprendre les mauvaises nouvelles tout de suite" La Jeune Talia Shire, L'actrice la plus réservée du cinéma est touchante, sans oublier le regretté John Cazale. Le Parrain provient surtout de l'obstination de Coppola à vouloir imposer son casting, Pacino encore inconnu du grand public, ne rentrait pas dans les plans des producteurs qui voulaient Robert Redford, Warren Beatty, ou Jack Nicholson pour incarner le rôle de Michael Corleone. Coppola insistera pour le garder ! ils trouvaient l'acteur fade et insipide. Ils allaient enfin pouvoir le virer jusqu'à ce qu'ils tombent sur les rushes de la séquence où Michael Corleone assassine froidement ceux qui ont voulu tuer son père. Le jeu intense d'Al Pacino les convainc de le garder. Coppola nous plonge ensuite dans la deuxième partie du film en Sicile aux paysages dignes d'un reportage, et aux origines de la Famille Corleone, Ou peu à peu les membres des autres familles de New York seront abattus en incluant des plans séquences dans l'église lors du Baptême du fils de Michael Corleone... Ce moment est juste magistralement orchestré et mise en scène par Coppola. Jusqu'au final et cette dernière image où le regard de Diane Keaton fait froid dans le dos, Coppola nous montre toute sa maestra et son génie. Chaque plan est parfaitement millimétré et frôle la perfection, son travail sur la lumière (avec l'aide de l'excellent Gordon Willis). Lors de sa sortie en 72, Brando obtient l'Oscar du meilleur acteur qu'il refusa, d'ailleurs, en signe de protestation contre l'attitude adoptée par le cinèma et la télévision, face au peuple indien, Pacino quant à lui obtient bien plus qu'un Oscar, mais sans doute le rôle de sa vie. Un rôle précurseur pour la suite de sa carrière. En conclusion, Le Parrain est définitivement entré dans la légende cinématographique comme étant un authentique et novateur chef d'oeuvre.