Synopsis : Le genre Mondo a marqué les annales du cinéma des années 60 et 70. À mi-chemin entre documentaire et exploitation, on attribue son acte de naissance à la projection du film Mondo cane de Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Paolo Cavara au festival de Cannes en 1962, séance qui aurait causé la mort du peintre Yves Klein selon certains. Succès de scandale et succès planétaire, cet objet filmique nouveau va générer des centaines de copies dans les deux ou trois décennies à suivre, qu'elles viennent du Japon, de France, d'Allemagne ou d'Australie. Aux États-Unis, les drive-in vont vite s'emparer du concept : ramener des scènes "documentaires" spectaculaires ou insolites du monde entier autour de thématiques, de pays ou de villes et les assembler à l'aide d'un montage dynamique, d'une voix off et d'une musique souvent majestueuse (les plus grands compositeurs italiens de l'époque y ont contribué, d'Ennio Morricone à Riz Ortolani). De nombreux artistes et cinéastes vont être profondément marqué par ces documentaires-choc, de Pier Paolo Pasolini (qui avait un projet avec Jacopetti au moment de mourir) à Nicolas Winding Refn (qui a utilisé la musique du Mondo Les Négriers dans Drive) jusqu'à l'influent écrivain J.G. Ballard qui a dédié son roman La foire aux atrocités à ce type de films. Sur un plan historique, les films Mondo ont aussi permis, en s'aventurant en dehors des règles du beau et du respectable, d'immortaliser sur pellicule des faits marquants de l'Histoire contemporaine (on peut juste citer le génocide au Zanzibar en 1964 dans Adieu Afrique). Le but de ce coffret est de proposer l'objet le plus complet possible sur les enjeux esthétiques, culturels et sociologiques du Mondo, en conjuguant les contenus et les approches afin de questionner un style de cinéma, parfois proche des avant-gardes, qui a été invisibilisé dans les anthologies cinématographiques du XXe siècle. Nous y trouverons d'une part le livre le plus complet écrit sur le genre, Reflets dans un oeil mort de Sébastien Gayraud et Maxime Lachaud, épuisé depuis 2010 et dont les cinéastes Hélène Cattet et Bruno Forzani se sont inspirés pour le titre de leur dernier long-métrage Reflets dans un diamant mort. Il s'agit d'une version revue, corrigée et augmentée, dans son texte et son iconographie, et de nouveaux participants y ont contribué : Franck Lubet et Frédéric Thibaut, directeurs de programmation à la cinémathèque de Toulouse, ou encore Eric Peretti, critique et programmateur, ou le cinéaste belge Thierry Zéno, auteur du classique Mondo Des morts, qui livre un entretien inédit, publié à titre posthume. Quatre films seront présents en format Blu-ray : l'oeuvre fondatrice Mondo cane, le "Citizen kane du Mondo" qu'est Adieu Afrique (1966), et deux films plus critiques de l'approche parfois excessive et racoleuse de ce style de cinéma : La Cible dans l'oeil (1967) de Paolo Cavara et The Killing of America (1981) de Sheldon Renan. Il est important de préciser que peu de films Mondo ont passé la transition de la VHS au DVD, donc ils sont très difficilement accessibles ou dans des copies très médiocres qui circulent sur les réseaux. De fait, ces restaurations permettront de mesurer l'ambition photographique de certains de ces films qui bénéficient parfois d'un souffle opératique des plus vertigineux (Adieu Afrique). Un large appareil critique sera fourni sous la forme de suppléments : historiens, cinéastes, critiques apporteront leurs éclairages sur le phénomène. Parmi ceux-ci, on trouve l'artiste chercheur spécialiste des zones négligées de l'histoire coloniale et post-coloniale Mathieu Kleyebe Abonnenc ainsi qu'un document inédit sur les cinéastes Mondo italiens décédés Alfredo et Angelo Castiglioni qui représentent le versant le plus ethnographique de ces "chocumentaires". L'essayiste et historien du cinéma Maxime Lachaud revient, quant à lui, au travers d'une exposition filmée créée spécialement pour cette édition sur les affiches, la promotion et les musiques qui ont marqué l'histoire du Mondo alors que l'enseignant en cinéma et romancier Sébastien Gayraud se prête à des analyses de séquences pour chacun des films proposés. Le cinéaste Gaspar Noé et le directeur de programmation de la Cinémathèque française Jean-François Rauger participeront à un entretien qui sera diffusé sur internet lors de la sortie. Ainsi, ce coffret Mondo offre un décryptage approfondi de l'art subversif, bizarre, parfois complaisant et provoquant, des Mondos et un éclairage contemporain et rétrospectif afin de voir ce que ce cinéma dit de nous et de l'époque où il a été réalisé pour un public qui se rassemblait en masse pour assister à ces "documents interdits" dans les salles dédiées au septième art. Un vinyle avec deux morceaux des bande-originales cultes des films Mondo cane et Adieu Afrique ainsi que deux affiches de ces deux films complèteront ce coffret. Contient : - Mondo Cane (1962) : Présenté en sélection officielle à Cannes en 1962, Mondo cane (Cette chienne de vie) inaugure une nouvelle forme de langage documentaire où la vie humaine est un spectacle absurde peuplé de figurants comme dans une pièce de théâtre. Rassemblant des pratiques culturelles insolites, macabres ou exotiques filmées aux quatre coins du monde, les réalisateurs ont provoqué le scandale, flouté la limite entre le vrai et le faux et ont annoncé des décennies de documentaires-choc nommés mondos qui peuvent être vus comme des ancêtres de la téléréalité. Accompagnées d'un commentaire mi cynique mi moralisateur, les séquences, non dénuées d'angoisse et de poésie, bénéficient aussi de la sublime partition de Riz Ortolani (Cannibal holocaust) nommée aux Oscars. Le peintre Yves Klein ne s'en remettra pas et mourra moins d'un mois après l'avant-première. Plus qu'un film, un phénomène culturel. - Adieu Afrique (1966) : Considéré comme le Citizen Kane des mondo movies, Africa Addio a nécessité, tout comme son prédécesseur Mondo cane, plusieurs années de tournage afin de témoigner des guerres d'indépendance africaines et de la décolonisation. Apocalyptique, visionnaire et viscéral, le film mêle le style reportage et une grandiloquence cinématographique devant un déchaînement de violence sanguinaire. Immortalisant sur pellicule le massacre de Zanzibar en 1964 ou la révolte Mau Mau au Kenya, on trouve ici des images stupéfiantes sur une partie de l'histoire qu'on a invisibilisée dans le climat politique tendu du milieu des années 60. Accusés puis innocentés pour "crime de guerre", les réalisateurs offrent ici un opéra visuel d'une barbarie déstabilisante qui a mis littéralement le feu aux poudres et dont l'impact se ressent encore aujourd'hui. Inconfortable et essentiel. - La Cible dans l'oeil (1967) : Le nihiliste Paolo est un réalisateur de documentaires-choc qui parcourt le monde avec une petite équipe pour ramener des images sensationnelles. Il n'hésite pas à falsifier la réalité pour la rendre plus spectaculaire et pousse ses partenaires à bout afin de montrer la nature humaine dans son aspect le plus brutal et insane. Lors d'un voyage, il séduit une femme mariée et a pour ambition de la faire participer à une des plus folles séquences de sa carrière... Cavara, ancien réalisateur de mondos (Mondo cane, I malamondo), règle ses comptes avec son ancien collègue Jacopetti. Des années avant Cannibal holocaust, La Cible dans l'oeil propose la première critique, sombre et froide, des excès du genre, et de la fantasmatique immorale qu'il a suscité suite au tournage d'Adieu Afrique. - The Killing of America (1981) : Réalisé dans la foulée du succès de Face à la mort (1978), The Killing of America figure parmi les mondos les plus fascinants et controversés des dernières années du genre. Analyse de la culture des armes à feu, de la paranoïa urbaine et de la montée de folie meurtrière qui a suivi l'assassinat de JFK, le film se focalise sur le déclin de l'Amérique et propose une expérience de cinéma documentaire terrifiante, où les massacres de masse et les tueurs en série ont le premier rôle, avec notamment des entretiens (exclusifs au film) avec Elmer Wayne Henley, Sirhan Sirhan ou le nécrophile Ed Kemper. Des sectes de Jim Jones et Charles Manson au sadisme de Ted Bundy, le film est une des plongées les plus puissantes qui soient dans le cauchemar américain, entre étude sociohistorique, exploitation et expérience pure.
Fiche détaillée - Mondo Movies - Coffret 4 films : Mondo cane + Adieu Afrique + La Cible dans l'oe (Blu-ray)
Titre : |
Mondo Movies - Coffret 4 films : Mondo cane + Adieu Afrique + La Cible dans l'oeil + The Killing of America |
Titre VO : |
Mondo Cane + Africa Addio + L'occhio selvaggio + The Killing of America |
Date de sortie : |
3 décembre 2024 |
Édition : |
Coffret Blu-ray + Livre + Vinyle + Affiches |
Réalisateur(s) : |
Paolo Cavara, Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi, Sheldon Renan |
Acteurs : |
Rossano Brazzi, Yves Klein, Henning Skaarup, Gualtiero Jacopetti, Jomo Kenyatta, Julius Nyerere, Moise Tshombe, Richard Gordon Turnbull, Ian Yule, Philippe Leroy, Delia Boccardo, Gabriele Tinti, Giorgio Gargiullo, Luciana Angiolillo, Lars Bloch, Chuck Riley, Ed Dorris, Thomas Noguchi, Sirhan Sirhan, Wayne Henley, Ed Kemper |
Genre : |
Documentaire, Société, Documentaire-fiction |
Durée : |
7h19min |
Définition : |
1080p |
Encodage : |
AVC |
Public : |
Accord parental |
Éditeur : |
Potemkine Films |
Distributeur : |
Arcadès |
Format et boîtier : |
BD-50, BD-50, BD-50, BD-50, 45 Tours - Coffret |
EAN : |
3545020091548 |
Année de production : |
1962 |
Date de sortie en salle : |
NC |
Format audio : |
Dolby Digital: VOST:2.0 |
Sous-titres : |
Français |
Format vidéo : |
1080p AVC - Couleurs - 16:9 Natif |
Nombre de disque(s) : |
5 |
Zone(s) : |
B |
Bonus & suppléments
Contient : - 4 Blu-ray - un vinyle 45 tours - un livre - 2 affiches Présentations et analyse de séquence par Sébastien Gayraud sur les 4 films "Le Salon des horreurs" "Une déambulation Mondo" par Maxime Lachaud "Cette liberté de chien" par Daniel Gouyette "Mal d'Afrique" par Daniel Gouyette "L'Afrique des rites" Entretien avec les frères Castiglioni, réalisateurs Mondo "Le Cercle des assassins : la sombre histoire de la décolonisation et d'Adieu Afrique" par Mathieu Kleyebe Abonnenc
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Dernière mise à jour : 16 septembre 2024